
Séries été 2021
Littérature, cinéma et musique :
études
Un orchestre a-t-il besoin d'un chef ?
Une question artistique et politique
(essai, février-mai 2021)
La figure du chef d’orchestre intrigue et interroge. En effet, sa fonction même dans le processus de « re-création » et de transmission des œuvres orchestrales laisse parfois perplexe en ce qu’elle est moins évidente à saisir que celle du compositeur, qui imagine et écrit la pièce, ou de l’instrumentiste, qui produit directement les sons écrits sur la partition pour rendre réelle la musique en puissance qu’elle contient. Pourtant, c’est bien elle qui est mise en avant lors de l’exécution d’une œuvre face au collectif des instrumentistes qui font corps pour ne former qu’un instrument : l’orchestre. Le chef jouerait alors de cet instrument collectif et serait donc l’interprète de l’œuvre.
Musique et poésie
chez les romantiques allemands.
Autour de Schubert et Wagner
(essai, avril-juin 2020)
Depuis leur naissance antique avec le mythe d’Orphée et à travers toute leur histoire, des liens étroits existent entre musique et poésie. Travail des sonorités, du rythme qui organise le mouvement de la parole comme du discours musical, ou encore thèmes évoqués et recherche d’un nouveau langage, quête d’expressions, les points communs entre ces deux arts sont nombreux. Qu’il s’agisse d’honorer des divinités, de conter les légendes d’un peuple ou d’un héros, de rendre hommage, de refléter des émotions, l’alliance de la poésie et de la musique a souvent été un moyen d’expression majeur dans l’histoire des arts.
La poésie a avant tout et pendant des siècles été l’art d’une transmission orale qui faisait de la diction et de la musicalité des mots comme de leurs rythmes des caractéristiques primordiales. Par là-même elle se rattachait directement à la musique puisque les poèmes devenaient des chants, accompagnés de parties instrumentales – qui réciproquement dépendaient donc du texte, de son sens et de sa partie vocale. Mais la poésie, par son premier attachement aux mots, peut être porteuse d’histoires, d’idées, de messages précis, là où ceux de la musique ne peuvent que suggérer et demandent à être interprétés.
Émile Zola :
la fresque d'une époque
(étude, août 2019)
« Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres ». Voici comment Émile Zola décrit son œuvre le 1erjuillet 1871dans sa préface à La Fortune des Rougon, premier volume du cycle des Rougon-Macquart. Ce cycle doit peindre une époque, à tous les niveaux, de toutes les pensées. « Cette œuvre formera […] l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ». Une seule famille couvrant tous les milieux sociaux, des quartiers sombres de la Goutte d’or au Ministère de l’Intérieur et tous les modes de vie, de l’existence retirée de l’abbé Mouret dans un village pauvre des plateaux désolés du Midi au train fou du cœur de Paris, en plein changement, en plein tourbillon, cyclone qui emporte les âges et les gens, qui emporte, qui emporte et qui prend au piège nombre de Rougon. Chaque branche du grand arbre, chaque feuille et chaque racine, qui se sont infiltrées partout, est une parcelle de l’œuvre, chaque personnage joue son rôle dans la fresque et chaque roman est une couleur de la mosaïque bariolée des générations qui se mêlent.
Le Prestige de Christopher Nolan
(dossier, avril 2019)
À la fin du XIXe siècle, dans le Londres victorien, nous suivons les vies étroitement mêlées de deux talentueux magiciens : Alfred Borden (Christian Bale) et Robert Angier (Hugh Jackman). Sans cesse à la recherche de nouvelles illusions dans un monde que la technologie et les avancées de la science sont sur le point de métamorphoser, la compétition de jeunesse se transforme au fil des tours en une tenace rivalité, jusqu’à la haine qui conduira aux ultimes sacrifices.
« Chaque tour de magie se déroule en trois parties, ou actes » (John Cutter, ingénieur d’Angier interprété par Michael Caine, scène d’ouverture). Voici la seconde phrase prononcée dans le film. Elle annonce en quelques mots le déroulement d’un tour de magie, et le plan du film lui-même.
Jack London :
des romans pour changer le monde
(étude, janvier 2018)
Jack London représente trois écrivains à la fois : ses romans peuvent être classés en trois catégories bien distinctes.
Tout d’abord, il est le romancier aventurier, qui utilise des personnages animaux, souvent dans le Grand Nord, avec par exemple L’Appel de la forêt, Croc Blancou Jerry chien des îles, qui sont un mélange de ses propres expériences et aventures, et de son imagination. Il y a ensuite ses autobiographies, dans lesquelles il raconte sa propre histoire, son enfance, sa jeunesse, avec toujours le but d’éclaircir une idée, qui est la ligne de fond du roman, une analyse qu’il fait de lui-même puis des humains en général...